La fontaine [ pv Atalia ]

Elvira et Atalia débarquèrent à la fontaine. Elvy, loin de se rematérialiser en humaine, se rua vers l'eau qui scintillait sous la lumière de la lune, telle une surface plane et argentée. Elle plongea dans l'eau et se métamorphosa. La jeune femme rinca sa plaie, nettoyant les plus infimes parties de l'estafilade. La douleur revint, différente. Elle n'y prêta aucune attention et ressortit, trempée. Elle se rendit alors compte qu'elle avait sauté dans... de l'eau ! Sous l'impulsion, sa phobie ne s'était pas manifestée. Elle s'ébroua avec vivacité, une drôle de lueur dansant dans son regard.

Atalia suivit du regard Elvira, étonnée de cette course contre la montre vers l'eau de la fontaine. Elle se contenta de s'approcher de l'eau, passant sa main dans le liquide, aimant ce contact froid et sans réelle consistance. Elle se redressa et retira son top noir, laissant apparaitre sa peau pâle, le posant négligemment sur le côté. Elle prit un peau d'eau dans sa main droite et laissa le liquide couler dans la faille légère causée par les griffures.

Au bout de quelques minutes où elle avait fait plusieurs fois ce même mouvement, elle remit son top et fit craquer ses doigts dans un craquement sonore. Puis regarda Elvira.

"ça va mieux ?"

Elvira regarda la jeune femme. Elle pensait qu'elle pourrait être sympathique, si elles apprenaient à se connaître.
- Oui...

Elle perçut alors une odeur. Une qu'elle ne connaissait pas. Celle d'un prédateur. Elle ne figea alors, tous ses sens en alerte. Elle guettait le moindre bruit, la moindre odeur. Mais rien ne se manifesta de nouveau. Elle attendit.

Une fois son top remit en place, Atalia se pencha vers la fontaine où elle but une gorgée de l'eau que jetait le dragon, protecteur de la ville. Après avoir avalé la première gorgée elle se figea, dilatant par réflexe ses pupilles. Elle observa les alentours sans pour autant cesser de boire, ou du moins de faire semblant de boire, sa main droite glissa sur le côté, saisissant à pleine main la branche taillée quelques temps plus tôt.

Pourquoi la branche ? Parce qu'avec la lueur de la lune, sortir sa dague aurait amener la lumière lunaire à se refléter sur le métal de la lame alors que la branche ne se voyait que fort peu mais était tout de même dangereuse. Elle jeta un regard à Elvira, elle aussi semblait avoir sentit le danger. Préférant laisser le prédateur venir de lui-même, Atalia s'asseya sur le rebord de la fontaine, si elles restaient silencieuses trop longtemps, la présence ne se présenterait par, craignait de s'être faite repérer. Elle lança la conversation.

"Tu as des capacités félines autre que les griffes ?"

Sujet totalement idiot. Mais que pouvait-elle savoir des sujets de conversations normales ? Elle qui n'avait connu que la peur d'être traquée, que les laboratoires d'expertises...

Elvira n'ayant rien entendu de plus, elle consentit à répondre à la question. Cependant, ses sens étaient toujours en alerte.

- Oui, je vois dans le noir, mes pupilles se dilatent, je suis assez douée pour l'escalade, j'ai peur de l'eau, et j'ai une allure plutôt féline... Outre tout ça, j'adore la viande...

Et il y avait tellement d'autres choses ! Elvira était féline. Totalement. Toutes les fibres de son corps l'hurlaient. Et dire que, dans son enfance, avant d'être Métamorphe, elle était allergique aux chats... Cette pensée la fit sourire.

- Et toi, que sais-tu faire ?

Les sens de la jeune fille étaient aux aguets, ses yeux se concentrant sur toutes surfaces ayant pu camoufler une figure ennemie. Son ouïe vouée à analyser tous les sons furtifs qui pouvaient signifer présence. Mais aussi son intuition, sixième sens auquel elle se fiait parfois. Elle crut percevoir une ombre passagère sur sa droite, elle se concentra donc sur cette zone sans pour autant se désinteresser des autres. Rien ne disait qu'ils n'étaient pas plusieurs. Elle en était maintenant sure, elles n'étaient plus seules.

"Disons que j'ai une vue plus performante, une agilité et une ouïe perfectionnées, et beaucoup d'autres. En fait, prend un félin performant ettu n'as pas encore fait le tour des capacités que me donne la métamorphose."

Elle avait cela sans se vanter, en effet elle était simplement devenue féline. Ses nouvelles performances s'ajoutant à celles qu'elle avait acquies avant, en travaillant d'arrache pied pour devenir imbattable ou presque. Elle avait apprit des dizaines et des dizaines de variantes du judo ou karaté sans oublier sa maîtrise des arts martiaux. Sa nouvelle félinité l'avait rendu encore plus forte et plus douée.

Elvira acquiesça d'un hochement de tête. Elle aussi avait perçu l'ombre passagère. Son attention était désormais focalisée sur la recherche d'une personne extérieure. Ses pupilles dilatées scrutaient l'obscurité. Son odorat affûté flairait le moindre parfum. Ses oreilles étaient concentrées au maximum, elle entendait désormais le moindre craquement de brindille dans un arbre. Elle sentit soudain. Pas grâce à ses sens proprement dit, non. Un cri avait résonné en elle. " Sur la droite !". Elle n'hésita pas et plongea vers la direction indiquée, roulant en boule sur le sol. Une flèche était désormais encrée à l'emplacement même qu'elle avait quitté une seconde auparavant. Une sensation nouvelle grandit en elle. Celle du chasseur chassé...

Atalia n'avait pas vraiment fait attention à voir si la flèche avait touché ou non sa cible, elle s'était levée et courrait maintenant vers l'endroit d'où elle avait vu la flèche être lancée. L'avantage avec ces armes, c'est que leur pointe est en métal et que le métal reflète la lumière. Ainsi elle avait pu localiser avec précision d'où provenait le tir. Sortant sa dague et gardant en sa main gauche la branche affutée, la métamorphe s'arrêta soudain, sachant qu'elle était arrivée à destination.

*Montre toi...*

Une nouvelle sensation prit ses entrailles, cette sensation de plaisir de traque. Elle passa sa langue sur ses lèvres, tel un chasseur attendant l'erreur de sa proie. Un bruissement d'étoffe sur la gauche, point n'en faut plus pour la jeune fille. Un quart de tour circulaire avec son bras gauche et la lance faite maison se planta dans l'épaule d'une ombre. Elle n'eut pas vraiment besoin de regarder si elle avait touché sa cible ou non. Elle sentait sa proie blessée.

Pourtant tout danger n'était pas écarté. En effet, sa proie n'avait pas d'arc.

Elvira avait suivi l'action. Distraitement. Pendant qu'Atalia était aux prises avec sa proie, quelqu'un avait bondi sur Elvira. La jeune fille s'était métamorphosée. Ses crocs acérés avaient frappé et un homme était agenouillé en face de la panthère. En sang. Un arc était tombé à ses côtés. Une intense satisfaction gagna Elvira. Elle se rematérialisa en humaine et regarda sa victime. Elle lui avait arraché un bras.
En gardant un oeil sur l'homme, Elvira demanda à Atalia comment elle s'en sortait.

- Ca va de ton côté ?

Atalia s'approcha de l'homme a terre qui se tenait l'épaule où l'on pouvait voir la branche de la jeune fille encore plantée. Elle s'avança vers lui, le regardant souffrir. Non pas qu'elle était sadique, mais elle aimait beaucoup lorsque ses ennemis payaient le prix de leur attaque.

"Tu croyais vraiment pouvoir attaquer sans que je riposte ?"

Un grognement plaintif echappa de la bouche de l'homme. Elle prit la branche qu'elle arracha de l'épaule ennemie, arrachant en même temps un cri douloureux. Elle claquant de la langue et hochant la tête négativement, elle sourit.

"Je n'aime pas vraiment ton cri, il ne rivalise pas avec celui des autres.."

Ne voulant pas le tuer elle attendit quelques temps qu'il réccupère.

"Oui oui, ça va pour moi..."

Elvira sourit. Cette fille était marrante. Elle se faisait agresser puis prenait un malin plaisir à lui faire payer le prix de cette agression. Elvira se demanda se qui lui avait prit de demander à Atalia si ça allait pour elle. Elle reporta son attention sur sa cible. L'homme se roulait dans la boue, fou de douleur. Cela aussi lui tira un sourire ironique. Elle l'attrappa par le col et le força à se relever.

- Qui es-tu ?

Féline jusqu'au bout des ongles, elle se mit à tourner autour de l'homme qui souffrait à ses pieds. Détendue en temps que prédatrice dangereuse, elle fit tourner la dague sur le dos de sa main droite à plusieurs reprises. Maniant aussi bien les armes de la main droite que de la main gauche, elle changea son arme de membre puis refit de même.

Quelques minutes s'écoulèrent avant que sa dague ne lui glisse des mains, volontairement. Elle se pencha pour la ramasser et pivota vers l'homme, menaçant son oeil droit de la main gauche. Elle voulait savoir s'il travaillait pour le gouvernement et ne reculerait devant rien pour cette réponse.

"Tu es du gouvernement ?"

Dit-elle d'une voix doucereuse qui contrastait grandement avec son attitude des plus menaçantes.

"Et toi ça va ?"

L'homme qu'Elvira tenait avait des difficultés à s'exprimer. Elle avait néanmoins compris qu'il n'était pas prêt d'avouer. Elle sortit donc son poignard et promena négligemment la lame dans le dos de son adversaire.

- Je ne le répéterai pas... Qui es-tu ?

Sa voix était calme, douce, comme si elle s'amusait à interroger cet homme. Elle jetta un oeil à Atalia.

- Tout baigne...

N'obtenant aucune réponse convenable, Atalia finit par se résoudre à mettre ses menaces à execution. D'un geste nonchalent et négligé, elle enfonça sa dague dans l'oeil de l'homme et la ressortit, couverte d'une fine couche rouge. La jeune fille hocha négativement la tête lorsque sa proie se mit à hurler.

"Je t'ai déjà dis que ton cri m'insupportait. Dis-moi qui tu es ou tu perdras la vue."

Elle essuya sa lame sur sa jupe et remit l'oeil de l'homme en joue.

"Je n'aime pas attendre. Tu es du gouvernement ?"

Son pied gauche tapotait le sol comme si la jeune fille comptait les secondes qui restaient à vivre pour l'oeil de l'homme.

Elvira se désintéressa quelques temps d'Atalia et de ce qu'elle semblait considérer comme sa proie. En effet, l'adversaire d'Elvy venait de lui dire en tout précision qu'elle pouvait aller... Enfin bref. Son poignard s'enfonça de quelques centimètres entre les côtés de l'homme. Elle le ressortit maculé de sang et recommença à lui ballader la lame dans le dos. L'homme avait poussé un effroyable cri de douleur qui avait tiré un soupir exaspéré à Elvira. La jeune fille inspira et expira avant de lancer, une dernière fois :
- Es-tu du gouvernement ? Si oui, hoche la tête, si tu ne fais rien, je te tue.

La voix avait changé. Elle était froide et sans réplique.

En entendant le cri de l'autre homme Atalia se dit qu'Elvira avait commencé son travail. Bien qu'elle trouvait qu'elle ne l'avait pas commencé assez tôt. Elle se reconcentra sur sa proie qui agita légérement la tête, sa lèvre inferieure tressautant, ouvrant la bouche et la refermant à tour de rôle à la manière d'un poisson sortit de son milieu naturel.

"Dépêches-toi de répondre..."

Patiente ? Non, Atalia ne l'était pas, elle saisit la tête de l'homme par les cheveux et lui pencha en arrière, arrêtant sa dague à quelques centimètre à peine de son dernier oeil valide. Prit de panique, sa proie oublia le voeu qu'il avait fait de silence sur son employeur et ses agissements et murmura un faible oui. Cela n'empêcha pas la jeune fille de lui enfoncer sa dague dans l'oeil, non par plaisir, mais par vengeance.

"Tu vois comment il te rend le Gouvernement, aveugle."

Jeu de mots assez noir que l'homme sembla prendre mal en s'agitant et criant.

"Tais-toi."

Elle avait plus craché ces mots que parlé mais ils eurent l'effet escompté pour le plus grand plaisir d'Atalia qui adorait se placer en dominante sur les êtres qu'elle jugeait hors d'intérêt.

Un cri déchirant vrilla soudain la nuit. L'homme qu'Elvira persécutait avait un poignard planté dans le dos. Il était tombé, raide mort. Avant de mourir, il avait craché aux pieds de la jeune femme, signant son arrêt de mort. Elle le regarda avec dédain et alla du côté d'Atalia.

- Gouvernement ?

Un franc sourire fendit les lèvres de la jeune fille lorsqu'elle entendit un hurlement déchirer la nuit. Elle regardait sa proie tenter de s'enfuir, trébuchant parmis les dalles mal-foutues, branchages et croches-pieds qu'Atalia lui faisait de temps à autre. Elle ne voulait pas le tuer, autant qu'il retourne au Gouvernement qui le tuerai probablement pour avoir parlé et échoué dans sa mission.

"Ouais."

Fit-elle en jetant l'homme au sol, l'y maintenant jusqu'à l'arrivée d'Elvira. Histoire de le stresser et de le pousser à bout, elle passait la lame de sa dague sur le cou de sa proie, montant parfois jusqu'à l'orifice d'un oeil, lui arrachant un gémissement. Puis elle s'arrêta, de toute manière l'homme ne présentait pas de réel danger, ils étaient tout trois seuls, il n'y voyait plus rien alors qu'elles pouvaient l'épier sans le moindre problème.

"Tu devais nous éliminer ?"

Demanda-t-elle lorsque Elvira fut à ses côtés.

Elvira regarda l'homme à terre et grimaça, retroussant son nez. Il était dans un sale état. Elle s'assit sur un tronc déraciné et continua à observer la scène. Elle trouvait les techniques d'Atalia assez gores mais elle appréciait la patience dont faisait preuve la jeune femme. Elvira savait qu'elle-même était incapable d'attendre cinq minutes une réponse. Maintenant, la métamorphe guettait les paroles de l'homme.

Atalia observa tranquilement l'homme dont la lèvre inférieure tremblait légérement, du au stress sans doute. Il ne semblait pas presser de donner sa réponse, arrachant un soupir lassé de la part de la jeune fille qui fit de nouveau courir sa dague sur le visage de l'homme.

"Si tu es maso sache que je suis sadique. J'attends."

Les lèvres de l'homme se crispèrent avant d'articuler un oui presque inaudible. Un sourire presque sincère se dessina sur le visage d'Atalia. Elle aimait se faire traquer puisque jusqu'à présent elle avait toujours chassé ses chasseurs. Elle regarda Elvira.

"T'as quelque chose à lui demander ?"

Elvira sourit à Atalia. Elle était désormais en train d'affuter son poignard. Elle arrêta de regarder son ouvrage et plongea ses yeux dans ceux de sa compagne.

- Non, achève-le si le coeur t'en dit.

Le ton était égal. Elvira se fichait pas mal de cet homme. Tout ce qui l'importait, c'était de savoir pourquoi on les poursuivait, elles. Elle se leva donc et s'approcha.

- Quoique, j'aimerai savoir pourquoi nous tuer, nous...

Atalia hocha légérement la tête et regarda l'homme toujours à terre qui ne semblait pas vouloir répondre. De nouveau la jeune fille balada sa dague sur le visage de l'intru, faisant crisper son visage.

"Réponds."

Un claquement de fouet dans la nuit. La voix de la métamorphe sonnait sèche et sans détournement possible. Soit il répondait, soit il souffrait. Histoire de le lui rappeler, Atalia entailla la joue de l'homme d'où s'écoulait maintenant un mince filet de sang.

"Nous attendons."

Fit-elle avec un regard presque amusé.

[Tu fais la rép du mec parce que j'ai pas vraiment d'idée Neutral

]

[ ok ça marche ]

Elvira regarda l'homme à terre avec mépris. Elle s'accroupit à côté de lui, sortant son poignard et le faisant glisser sur l'autre joue de l'homme, elle espèrait que le métal froid et affûté ferait son effet.

- Pourquoi nous, je ne le répéterai pas.

La voix était égale, indifférente. Cette intonnation correspondait parfaitement à ce qu'Elvira ressentait pour la vie de cet homme. Il finit par ouvrir la bouche et souffler " je ne sais pas, je vous en prie ne me tuez pas... " dans un râle. Elvira sourit d'une joie noire. Elle enfonça son poignard dans la nuque de l'homme. Il ne servait plus à rien, son intuition soufflait qu'il n'avait pas menti.

A l'instant où Elvira allait le tuer Atalia retint sa lame légérement, elle regarda la jeune fille et lui chuchota qu'il vallait mieux le laisser retrouver le Gouvernement afin de voir qu'à l'Alliance, ils étaient dangereux. En effet la jeune fille trouvait qu'ainsi il y aurait probablement plus d'action dans la ville et surtout que le Gouvernement éviterait des petites expéditions du genre après avoir su qu'un des deux agents était mort et que l'autre avait été rendu aveugle.

*Il ne sait pas pourquoi mais il allait nous tuer...*

Une moue de dégoût passa sur le visage d'Atalia, elle ne supportait pas cette psychologie.

Elvira haussa les épaules et rangea sa lame. Après tout, Atalia avait peut-être raison. Seulement l'idée de laisser s'enfuir l'homme qui voulait sa mort ne séduisait pas le moins du monde Elvira. Elle tourna les talons et retourna s'assoir sur le tronc. Elle reprit son poignard et se mit en devoir de l'aiguiser. Elle aimait à ce qu'il soit aussi tranchant qu'une lame de rasoir et aussi solide que du béton armé. L'obscure clarté tombant des étoiles [ L'oxymore n'est pas de moi, je l'ai emprunté à Corneille ] illuminait la fontaine, surface teintée d'argent.